Pour la quatrième année et pour quelques dates encore, le théâtre de Ménilmontant accueille l’adaptation scénique du célèbre roman 1984 de George Orwell. Une adaptation transcrivant bien l’ambiance hostile et déshumanisée du livre, se servant de vidéo, comme des télécrans. Un dispositif scénographique ingénieux, alliant théâtre et cinéma sous forme de tableaux.

1984 est à la base un roman d’anticipation écrit par George Orwell en 1948. L’histoire se déroule à Londres à Océania, l’un des trois « blocs » composant le monde imaginé par l’auteur, avec Eurasia et Estasia. Chacune de ces parties du monde est soumise à un régime totalitaire. Celui où vit Winston, le personnage principal, est l’Angsoc (sorte de socialisme anglais). Les habitants sont surveillés par des télécrans, écrans qui servent aussi à la diffusion de la propagande et de l’image de Big Brother, le grand chef du Parti. Dans cette société où le seul fait de penser est un crime, Winston Smith, travaillant au ministère de la Vérité (ministère qui fait concorder le passé avec l’actualité du Parti). Il décide d’entamer l’écriture d’un journal pour garder la mémoire du passé, en refusant les arrangements du Parti. Il commence une relation amoureuse avec Julia, ce qui est proscrit à Océania. Voulant se rebeller contre le système, ils vont se lier à O’Brien. Dès lors, par ces choix, la menace sur leur vie est omniprésente…

Bigbrother

Alain Lyddiard avait fait l’adaptation scénique du roman en anglais, que Sébastien Jeannerot a mis en scène, en gardant la scénographie de Neil Murray. On a une alternance de vidéo et de moments de théâtre, caractérisés souvent par un changement scénique des décors, manipulés à vue par deux figurants-techniciens. Les panneaux sur roulettes permettent à la fois la projection du film réalisé par le metteur en scène, et lorsqu’ils sont écartés, ils représentent les différents espaces dans lesquels évoluent les personnages (chambre, salle de torture etc.). Les scènes deviennent alors des tableaux, qui s’enchaînent souvent rapidement, hormis vers la fin, sans qu’on est parfois suffisamment le temps d’assimiler ce qu’il vient de se dérouler.

La musique, très présente au cours de la pièce, nous plonge dans cet environnement hostile, déconcertant, aseptisé voulu par Big Brother. Néanmoins, le son, de manière générale, est trop fort pour être clairement audible, notamment au début. On ressent la frayeur que peut-être la déshumanisation programmée, l’appauvrissement du langage avec en l’occurrence la disparition des termes d’affect ou permettant d’émettre des pensées subversives.

Cette adaptation, malgré sa qualité rendue par l’incroyable scénographie et la vidéo, manque parfois de subtilité dans le jeu qui n’est d’ailleurs pas convaincant pour tous les personnages, la passion liant Julia et Winston n’apparaissant pas crédible. Tout ceci donne un spectacle assez inégal, dont on loue toutefois la retranscription de l’atmosphère troublante de l’œuvre originale.

Anna YORKA

 
1984 de Georges Orwell
Adaptation scénique : Alan Lyddiard
Mise en scène : Sébastien Jeannerot
Scénographie : Neil Murray
Musique : Lucien Zerrad
Avec : Winston Sébastien : Jeannerot,
O’Brien : Swan Demarsan
Julia : Florence Nilsson
Syme : Loïc Fieffé ou Sébastien Antoine
Charrington : Hervé Terrisse ou Grégory Baud
Silhouettes : Pierre Biesmans et Tony Vasquez

Théâtre de Ménilmontant
15 rue du Retrait
75020 PARIS
Tel réservations : 01.46.36.98.60.
Tous les vendredis à 21h jusqu’au 1° mars 2013
Tarifs : 15 / 20 €

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