Ce « classique » de Xavier Durringer joué actuellement au théâtre des Déchargeurs  pourrait se résumer au jeu du qui perd gagne. La mise en scène inspirée d’Eve Weiss fait la part belle à la sobriété et à la justesse nous délivrant une œuvre sincère où la flèche de Cupidon se meut en « une balle perdue qu’on tire et qui va bien toucher quelqu’un quelque part. »

 

Un couple en décomposition, Lulu et Gino, tente de recoller les morceaux épars de leur amour. Lulu veut revivre les premiers moments, les premiers émois de leur amour. Mais Gino n’y arrive plus. Lulu essaye par tous les moyens de raviver cette flamme qui vacille pour qu’elle ne s’éteigne pas. Elle veut y croire. Une question d’instinct, de survie. Au fond d’elle, Lulu sait que tout est fini. L’énergie du désespoir ou de l’espoir les rend magnifiques. Ils luttent contre l’inéluctable. Le public est pris par cette simplicité qui emmène tout sur son passage.

 

A côté d’eux, Bulle, relève d’une déconvenue sentimentale. Elle ne veut plus y croire tout en espérant de toutes ses forces. Aimer. Etre aimé. Sa rencontre avec Muso est une bénédiction. Elle le rejette par défense. Mais pourquoi ne pas y croire ? Après tout, une revanche est bonne à saisir. Pourquoi rester sur le bord de la route ? La vie sourit aux audacieux, après tout.

 

Ces deux couples vont se croiser mais leur destin n’est pas identique. L’histoire d’amour naissant de Muso et de Bulle rappelle à bien des égards celle qu’ont connue Lulu et Gino dans la genèse de leur relation, trois années auparavant. Cette pièce offre les deux faces cachées de l’amour où l’espoir le dispute au désespoir.

 

Une scénographie aux allures de bal-trap plante un décor de fête propre à recevoir ces fortunes qui s’entrecroisent. Le jeu des comédiens est fluide et subtil. Le public est gagné par ces histoires simples de couples qui les renvoient à leurs propres errances sentimentales. Une balle qui n’est pas perdue pour tout le monde puisqu’elle est susceptible de ricocher dans la salle en interpellant la majorité d’entre nous pour notre plus grand plaisir.

 

Laurent Schteiner

 

Bal-trap de Xavier Durringer

Mise en scène de Eve Weiss

Avec Laurent Collard, Séverin Dupouy, Letti Laubies ou Anne de Rocquigny, Christophe Petit ou Ludovic Pinette et Caroline Valmont.

Crédit photos : © Rémi Viallet

 

Les Déchargeurs

3 rue des Déchargeurs

75001 Paris

Réservations : 01 42 36 70 56

www.lesdechargeurs.fr

du 15 nov au 23 déc 2011

du mardi au samedi à 20h00

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