Oscar Wilde, très en vogue ces derniers temps dans la capitale, au travers des expositions qui lui sont consacrées, nous revient dans une magnifique pièce au Lucernaire dont l’adaptation signée de Grégoire Couette-Jourdain nous révèle un personnage baigné d’un profond humanisme. Jean-Paul Audrain nous livre dans ce seul en scène une interprétation fine, sensible et intelligente de ce personnage hors du commun.

 

C’est avec une grande sobriété que Jean-Paul Audrain nous sert ce très beau texte du XIXe mettant en valeur une des figures les plus illustres et controversées de l’époque. Du fond de sa cellule avec un sens superbe de la dignité et de sa condition, Oscar Wilde revient sur sa vie passée, ne regrettant rien de ce qui a constitué l’une des plus belles pages d’amour et de tolérance de la fin de ce siècle. Epris du fils du marquis de Queensberry, « Bosie », entama en 1893 une relation qui allait devenir la cause de sa perte. Le père de son amant, membre à la chambre des Lords, ayant peur d’être éclaboussé par le scandale que constituait une relation « contre-nature » et prohibée par la loi, s’acharna à détruire la moralité de celui par qui le scandale arrivait. De revers financier en revers moraux, Oscar Wilde connut la déchéance. Mais il resta fidèle à ses convictions de tolérance et d’humanisme malgré le corset et l’archaïsme de cette société anglaise. Trainé dans la boue, digne et élégant malgré les avatars, ce dandy nous laisse, malgré un magnifique héritage, une amertume qui ne se départit pas. Que seules les sociétés rétrogrades sont à mêmes de fouler les purs génies !

 

La mise en scène dépouillée fait la part belle au comédien qui incarne Wilde avec un naturel désarmant de sincérité. On vit son calvaire, les murs de sa cellule et sa désespérance.  A l’aide de son étoffe, il balaie les marques au sol qui identifient les quatre murs de sa prison. Un peu comme si cet enfermement n’avait pas de prise sur ce bel esprit. L’émotion dégagée par Jean-Paul Audrain nous étreint et le texte qu’il exhale nous assiège et nous transporte dans l’univers d’Oscar Wilde. Ce cri jeté  des profondeurs  nous touche et nous renverse. Un très beau spectacle à ne pas rater !

 

Laurent Schteiner

 

De Profundis d’Oscar Wilde

Adaptation et mise en scène de Grégoire Couette-Jourdain

Avec Jean-Paul Audrain

Lumières : Vincent Lemoine

Musiques : Alain Jamot

Copyright Photos Chantal Depagne-Palazon

 

Lucernaire

53 rue ND des Champs

75006 Paris

Loc : 01 45 44 57 34

www.lucernaire.fr

du mardi au samedi à 20h00

jusqu’au 15 avril 2012

 
 

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