Louise Caron signe un monologue tendu, confession d’un homme pris au piège de sa propre vie. « Une lune de sang dans un ciel de cendre » paru récemment à la libraire théâtrale saisit le lecteur par sa férocité, le captivant totalement jusqu’à la révélation finale.

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« Mon père faisait chabrot
remugle aigre du vin rouge versé dans le bouillon gras.
Dernières lampées violine bues à même l’assiette.
Sluupp, hupp, sluupp.
Ils ramassaient les miettes.
Cruch, cruch, chruch.
On avait beau être dans l’intimité
ça me prenait aux tripes ces bruits de trou à rats.
je les aurais égorgés rien que pour rétablir le silence. »

Etienne Ferrari a besoin de parler, un besoin maladif de jeter à la face du monde sa vie plus que parfaite. Il raconte à Jack son ascension sociale fulgurante, dans une loghorrée fébrile il retrace son parcours du milieu pauvre de son enfance à sa réussite au sein de la multinationale UNIVERSGATE. Au fil des pages l’homme apparait cependant moins sûr de lui que ce qu’il ne veut bien prétendre, les failles grandissent jusqu’à devenir abyssales. Est-ce la parole d’un fou, ou la détresse d’un homme terriblement seul qui a tout gâché ? Louise Caron livre ici une partition affutée, dotée d’un crescendo dramatique subtil et d’une langue abrupte. Texte court, il happe le lecteur et le saisit par le tournant surprenant que prend le récit d’Etienne. Un monologue à découvrir à la librairie Théâtrale !

Audrey Jean

« Une lune de sang dans un un ciel de cendre » de Louise Caron
ISBN 978 2 7349 0574 5
6€

Librairie Théâtrale

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