Le théâtre Michel crée actuellement la sensation avec une nouvelle de Stefan Zweig, La peur,  adaptée et mise en scène par Elodie Menant. Force est de constater que cette pièce montée comme un drame hitchcockien prend toute sa force au fil de l’intrigue qui se noue. Elodie Menant prend à revers les spectateurs en leur faisant partager la déliquescence effrayante d’un couple. Un très beau travail couronné par un succès évident !

Quoi de plus banal qu’un adultère au sein d’un couple qui ne se parle plus, qui ne communique plus. Irène, mère au foyer trompe son mari, Fritz, avocat pénal, avec Edouard un pianiste. Mais la femme d’Edouard, Elsa, qui a surpris Irène au bas de son immeuble, la fait chanter et menace de tout révéler à son mari si elle ne lui verse pas de l’argent. Les mensonges d’Irène s’accumulent et la corsètent de plus en plus dans un tourbillon inextricable. La culpabilité la hante et la peur de tout perdre la rend folle.

la-peur-183-sur-296

Elodie Menant joue avec les spectateurs qui finissent par douter d’eux-mêmes : manipulation ou hallucination ? Tout est possible. Mais la vérité éclatera et éclaboussera ce couple dans un point de non-retour effrayant. Le coup de théâtre final démontera l’effroyable nœud gordien né de cette fracture ouverte. Et les répercussions seront telles qu’elles anéantiront la peur elle-même laissant pantois le public.

La scénographie articulée, qui nous est présentée, est fort adaptée à l’espace scénique. Elle permet entre autres de disséquer à la loupe le désamour de ce couple. Saluons les performances d’Hélène Degy, d’Aliocha Itovitch et d’Ophélie Marsaud qui mènent à bon port ce suspense haletant.

Elodie Menant en adaptant cette intrigue dans les années 50 nous renvoie aux films américains des années 50 où la femme au foyer est laissée pour compte dans une société dominée par l’homme. Les bandes-sons de l’époque contribuent à traduire cet ancrage dans cette période. En considérant cette pièce, on ne peut s’empêcher de penser à l’oeuvre de Virginia Wolf, « Hours ». Elodie Menant a réalisé, en la circonstance, un véritable coup de maître.

Laurent Schteiner
 
La Peur de Stefan ZWEIG
Adaptation et mise en scène d’Elodie MENANT
Avec Aliocha ITOVITCH, Hélène DEGY et Ophélie MARSAUD

  • Décor : Olivier DOFRINCOURT
  • Costumes : Cécile CHOUMILOFF
  • Lumières : Olivier DROUOT
  • © Photos : Olivier BRAJON

Théâtre Michel
38 rue des mathurins
75008 Paris
www.theatremichel.fr
du jeudi au dimanche à 19h00

Share This