Actuellement visible au théâtre de l’Atelier, ce spectacle particulier, dont la mise en scène est signée Sylvie Busnel, nous offre une interprétation fouillée de ce trio complexe de personnages. Cette mise en scène originale se nourrit d’accents nouveaux donnant à cette pièce des reliefs inattendus.

 

L’univers de cette pièce nous renvoie à deux mondes, celui des maîtres et celui des domestiques. La cuisine « des crachats » où Madame ne s’aventure jamais et sa chambre qui est visitée par ses bonnes.

 

L’œuvre de Genet tient pour l’essentiel à la haine que vouent ces deux sœurs, Claire et Solange, à leur maîtresse. Elles profitent de son absence pour inverser les rôles et jouer à « maitre et valets ». Cette imposture leur permet d’assouvir ce sentiment d’avilissement où elles se sentent rabaissées dans une condition qui ne leur laisse aucun espoir, aucun avenir.

 

Et là, utilisant la garde-robe de Madame, elles jouent une partition qui leur permet de s’évader de leur condition en donnant à leur maitresse une sensualité étonnante et inattendue. Leur haine est si forte que Claire a adressé à la police des lettres anonymes dénonçant le mari de Madame comme l’auteur d’un certain nombre de forfaits. A leur grande joie, elles avaient suivi son arrestation et la tristesse qui avait envahi leur maitresse.

 

Mais un coup de fil, interrompant leur jeu de rôle, leur apprend que Monsieur a été libéré. Poussant leur folie jusqu’au bout, elles décident de sauter le pas en assassinant leur maitresse. Cette gradation dans leur névrose s’explique par la volonté de sortir de ce cercle infernal d’une détestation impuissante. Telle une machine folle, elles ne peuvent plus s’arrêter au milieu du gué et se trouvent forcées de mener leur croisade meurtrière à leur terme.

 

De ce huis-clos oppressant mis en scène avec originalité par Sylvie Busnel, on remarque les belles performances de ces trois comédiennes qui nous transmettent cet univers singulier où la sensualité, la haine et le désespoir exaspèrent l’exaltation de la mort. Cette capillarité de sentiments transcende ce « classique » en le propulsant vers un succès attendu.

 

Laurent Schteiner.

 

Les Bonnes de Jean Genet

Mise en scène de Sylvie Busnel

Avec Prune Beuchat (Solange), Christine Brücher (Madame) et Lolita Chammah (Claire)

 

Théâtre de l’Atelier

1 place Charles Dullin

75018 Paris

Locations : 01 46 06 49 24

www.theatre-atelier.com

A partir du 21 septembre 2011

Du mardi au samedi à 19h00, le dimanche à 16h00

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