David Mamet, auteur prolifique, nous entraine cette fois au théâtre dans les coulisses d’un cabinet d’avocats dans une Amérique marquée par la question raciale. Cette pièce, ou justice et race cohabitent, signe le retour sur les planches d’Yvan Attal.  Ouvrant la voie à des problématiques importantes centrées sur le racisme, ce spectacle s’avère décevant même si la performance d’Yvan Attal est à souligner. Les redites et la longueur du texte obèrent le rythme et la qualité de la pièce.

 

Trois avocats sont sollicités pour défendre un blanc accusé de tentative de viol sur une femme noire. D’abord réticents compte tenu de l’enjeu communautariste, ils finissent, malgré eux, par accepter cette affaire. L’intérêt de cette œuvre consiste à proposer une problématique où l’entrelacs des questions posées est à même de secouer la communauté noire comme la majorité blanche. Si la culpabilité et la honte demeurent les ressorts d’une mauvaise conscience blanche, il ressort que les préjugés sont partagés par les noirs et les blancs. A la frontière d’une pièce policière, ce huis-clos interpelle également la justice, et notamment les cabinets d’avocats. La justice est-elle forcément une vérité ou une certaine vérité. Une vérité la mieux étayée permettant à une partie de gagner et de décider du sort de l’autre. En fait, la seule vérité est celle qui fait gagner ! Le reste est secondaire.

 

Yvan Attal assure un avocat très crédible à la recherche de la vérité nécessaire à sa victoire. Celle de sauver un blanc d’une condamnation pour viol. Mais ce faisant, il mélange les concepts et les principes qui le guidaient jusqu’alors en s’empêtrant dans une conception archaïque des races, en privilégiant un complexe de culpabilité qui l’a toujours tourmenté. En revanche Alex Descas, peu vraisemblable dans son rôle d’associé, ajoute aux maladresses de l’adaptation de l’œuvre de David Mamet. Sarah Martins et Thibault de Montalembert réussissent une prestation sincère et sobre. On attendait davantage de ce spectacle qui s’avère finalement quelque peu déséquilibré.

 

Laurent Schteiner

 

Race de David Mamet

Adaptation et mise en scène de Pierre Laville

Avec Yvan Attal, Alex Descas, Sarah Martins et Thibault de Montalembert

Comédie des Champs Elysées

15 avenue Montaigne

75008 Paris

Locations : 01 53 23 99 19

www.comediedeschampselyses.com

 

 

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