Quoi de plus exaltant que de convoquer trois plumes, trois auteurs qui se penchent sur les rêves et utopies enfantines en leur confiant les clés d’un laboratoire de tous les possibles. Cet ouvrage collectif esquisse ces rêves et ambitions nécessaires au développement de la personnalité de ces enfants, quel qu’en soit le sens.  Les thèmes abordés constituent autant de paliers à gravir pour accéder à l’âge adulte. Déterminants dans cette approche, ces trois auteurs visitent avec bonheur le ressenti d’une jeunesse en devenir.

 

Jean-Pierre Cannet nous captive littéralement dans cette histoire où cet « Enfant de par là-bas » traduit l’itinérance d’un enfant blessé par la perte de ses parents dans un incendie. Elevé par ces grands-mères, il vivote au fond d’une décharge de voitures. Se réfugiant dans les rêves, il nous conte sa détresse en nous prenant à témoin. Son récit, complété par ses grands-mères, nous apporte une fraicheur de style qui crée une communion avec le lecteur. Son désir fervent d’exploiter la mort de ses parents comme un élément de vie est sans doute pour lui l’ébauche d’un principe salvateur où la mort fait partie de la vie. Sa recherche de son père dont il entretient la vie en dépit de tout lui assure la force d’exister et de survivre. Ce récit touchant place les utopies de l’enfance au cœur d’un développement libérateur.

 

« La glume » de Bruno Castan présente un groupe d’enfants dont l’activité consiste à se révéler dans l’imaginaire, à évoquer des situations où le rêve et la réalité se chevauchent et s’écartent. Aborder la mort sous tous ses aspects, permet à ces aventuriers en culottes courtes de se construire à travers les désirs et les frustrations qui les traversent. Un petit moment de lecture propice à la convocation de souvenirs du lecteur.

 

« Deux citrons » de Philippe Dorin testent le récit immobile d’enfants dont le mouvement glisse de façon imperceptible. Mise en abyme ou théâtre dans le théâtre, ces échanges mettent aux prises des personnages dont le jeu de rôles ne cesse d’évoluer, et bien souvent vers un registre inattendu. Si l’on qualifie cet auteur de « pointilliste », la position de cette œuvre en fin d’ouvrage témoigne de l’importance du caractère inattendu et parfois aléatoire de la vie. Ultime pierre à l’édifice, cette œuvre sous rappelle que la construction d’un être peut connaitre des vicissitudes, des accidents de parcours, qui, dans tous les cas forgent la personnalité de l’individu.

 

Laurent Schteiner

 

Si j’étais grand de Jean-Pierre Cannet, Bruno Castan et Philippe Dorin

 

éditions  Théâtrales Jeunesse

Prix : 10 €

ISBN : 978-2-84260-460-8

 

20 rue Voltaire

93100 Montreuil

www.editionstheatrales.fr

 

Share This