Le théâtre de la Tempête remet à l’honneur une pièce de Gilles Leroy qui avait du être déprogrammée suite au premier confinement. Ce spectacle, mis en scène par Guillaume Barbot est un véritable cadeau,  par la densité des personnages de Zelda Sayre et de Francis-Scott Fitzgerald et de l’atmosphère passionnelle qui entoure cette époque.

A y regarder de plus près la vie de Zelda Sayre et de Francis Scott Fitzgerald s’apparente davantage à un brulot incandescent. Deux vies consumées par les nombreux excès qui ont jalonnés leur existence. Zelda, fille de gouverneur, habituée à défier la bonne morale sudiste de Montgomery, offre une figure de proue aux mouvements avant-gardistes qui s’expriment à travers le Jazz et les nouvelles danses qui fleurissent (Charleston, danse africaine…) à cette époque. Ces multiples rencontrent avec les soldats de la garnison couvriront de scandales sa réputation déjà bien entachée. La  rencontre de Zelda à Montgomery, Alabama avec le soldat Fitzgerald sera magique. Auteur en devenir, Scott Fitzgerald ne cesse d’être obnubilé par sa carrière au grand désarroi de Zelda. Une fois mariés, ils découvriront une vie mondaine où l’alcool occupera une place centrale dans leur couple. Zelda, fragilisée par le désamour de Scott, connaitra une descente aux enfers avec de nombreux séjours en établissements spécialisés. Son goût pour l’écriture suivie de la rédaction de nouvelles causera la jalousie de Scott qui s’empressera de la plagier. Leur fin de vie peu reluisante sonne le glas d’un auteur célébré pour son titre phare « Gatsby le Magnifique ». Zelda, secouée par la mort de Scott, décèdera dans l’incendie de son établissement psychiatrique.

Guillaume Barbot a illustré avec soin l’atmosphère de ces années folles en ce début de siècle où le Jazz et les moeurs évoluent à grands pas. Si l’Alabama évolue moins rapidement, il n’en demeure pas moins qu’on ressent cette tendance s’installer à travers les musiciens qui composent les rythmes et les musiques qui concourent au propos de l’histoire. Autour des musiciens, une configuration tournante de planches rappelant un parquet devient le véhicule des transformations, des changements d’époque et des lieux, des sauts dans le futur ou des retours au passé. Les musiciens, également interprètes, animent les tranches de vie du couple Zelda- Francis Scott. Saluons le talent de Lola Naymark, qui interprète avec sensualité, fureur et passion l’amour de Zelda pour Francis Scott. Tantôt douce et soumise, tantôt révoltée, Lola Naymark nous offre un large registre de son talent. Dansant et chantant, elle nous touche et nous émeut par la fragilité de son personnage qui se consume.  La mise en scène de Guillaume Barbot apporte une couleur musicale intense à cette ballade empreinte de mélancolie et de nostalgie. A la question existentielle qui secouait Zelda : « faut-il brûler franchement ou mourir à petit feu » ? Il semblerait que le destin ait refuser de choisir en s’emparant de ces deux options.

Laurent Schteiner

Alabama song de Gilles Leroy
Mise en scène de Guillaume Barbot

avec Lola Naymark, Pierre-Marie Brayes-Weppe  au violon et jeu (les psychiatres), Louis Caritini (piano, trombone,, jeu (les amants) et Thibault Perriard à la batterie, guitare et jeu (Francis Scott)

  • Scénographie : Benjamin Lebreton
  • Lumières : Nicolas Faucheux assisté d’Aurore Beck
  • Costumes : Benjamin Lebreton
  • Conception musicale collective : direction Pierre-Marie Brayes-Weppe
  • Son : Nicolas Barillot assisté de Camille Audergon
  • regard chorégraphique : Bastien Lefèvre
  • Assistanat à la mise en scène : Stéphane Temkine

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie – Route du Champ de manoeuvre
75012 Paris

Résa : 01 43 28 36 36 
www.la-tempete.fr

Jusqu’au 16 janvier 2022 à 20h30

Share This