Le théâtre de la Bruyère rend actuellement un vibrant hommage à tous ces anges blancs ou infirmières qui pendant la 1ere guerre mondiale se sont dévoués corps et âmes à ces soldats revenus du front blessés et mutilés pour la plupart. Ce huis clos émouvant de Dany Laurent met en relief ces femmes courageuses, le plus souvent bénévoles, qui ont su avec des moyens de fortune apporter un semblant d’humanité aux soldats sacrifiés sur l’autel de la Patrie. La mise en scène alerte et fluide d’Yves Pignot rend grâce au courage de ces femmes face à l’inanité de la guerre.

L’hôpital, huis-clos par excellence, ultime rempart contre la barbarie humaine recueille ces malheureux soldats du front brisés et mutilés au plus profond de leur chair et de leur âme. Marguerite, infirmière bénévole aidée par Suzie et Louise tentent l’impossible pour soutenir ces hommes meurtris en leur apportant des soins et chaleur humaine. Les nouvelles du front sont si mauvaises, les pertes si lourdes que la désespérance grandit à mesure que la guerre s’éternise. Il y a bien la comtesse Adrienne et son fils Pierrot, autiste qui hantent ce lieu rendant visite à Henri dont la jambe gangrénée attend une amputation. Suzie, amoureuse d’Henri, veille sur lui nuit et jour. Enfin Louise joue les utilités dans ce vaste ensemble espérant le retour rapide du front de son mari.

Cette sale guerre abolit les consciences de classe afin de se concentrer sur l’humain. Cette petite communauté de souffrance et de survie se rassemble et se recroqueville sur elle-même afin de faire un pied de nez à ce destin funeste. Son émotion et sa tragédie nous renversent. La force de ce spectacle est de nous montrer cette vie à l’arrière du front, une vie où les femmes font tourner une société claudicante et désespérée.

Mais la conscience politique survit à travers un humanisme, et une croyance dans un pacifisme forcené. Suzie se fait le porte-parole de ce mouvement contesté à cette époque qui trouvera son apogée et sa répression dans l’armée française en 1917.

Les personnages nous tiennent en haleine durant toute cette pièce. On apprend à les connaitre et à vivre leurs émotions, leurs angoisses, leurs tragédies et leurs espoirs. Saluons tous ces comédiens qui l’espace d’une soirée nous plongent au cœur de l’indicible et en même temps de ce qu’il y a de meilleur dans l’humanité. Les larmes ne sont jamais très loin. Virginie Lemoine, est renversante dans ce rôle de femme corseté dans un statut dissous depuis longtemps qui se raccroche au bonheur de retrouver son fils, même mutilé. Marie Vincent, excellente comédienne du petit écran nous fait rire et pleurer. Ariane Brousse nous montre de multiples facettes de son talent en interprétant ce rôle d’infirmière volontaire, amoureuse et politisée. Katia Miran, émouvante, dispose d’un jeu sensible et candide. Axel Huet, également habitué du petit écran, incarne un rôle de composition de ce jeune autiste, fils de Virginie Lemoine. Drôle et touchant Dany Laurent nous offre un magnifique hymne à la vie !

Laurent Schteiner
 
Comme en 14 de Dany LAURENT
Mise en scène d’Yves PIGNOT
Avec Virginie LEMOINE, Ariane BROUSSE, Marie VINCENT, Katia MIRAN et AXEL HUET        

  • Assistance à la mise en scène Sonia SARIEL assistée de Angélique Delmas,
  • Décors : Jacques VOIZOT
  • Costumes : Pascale BORDET
  • Lumières :  Jacques ROUVEYROLLIS et Jessica DUCLOS
  • Musique : François PEYRONY
  • © photos Lot

Théâtre La Bruyère
5 rue La Bruyère
75009 Paris
Locations : : 01 48 74 76 99
Du mar. 19 mars 2019 à 21:00 au sam. 30 mars 2019 à 21:00

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