Pour la 3ème année consécutive, Le Lavoir Moderne Parisien a choisi d’accueillir en son sein, le spectacle Des Femmes, une création singulière écrite et mise en scène par Régis De Martin-Donos. Inspirée par les procès de sorcelleries du Moyen-Age, la comédienne Fernanda Barth qui porte ce seule en scène sur ses épaules a eus l’idée de ce projet et nous embarque dans un voyage sur les traces de la féminité dans toute sa diversité.

A travers ce décor brut en apparence, se dégage dès la première scène une atmosphère lugubre et étrange. Sans doute le cadre de la représentation, avec ses murs de briques et ses poutres apparentes, contribue à cette ambiance inquiétante. Quoiqu’il en soit, les cendres déposées sur cette bâche blanche qui recouvre le plateau, n’est pas sans nous rappeler celles du bûcher, sur lequel on brûlait les femmes accusées de sorcellerie. Ces dernières années, les sorcières sont devenues les icônes de la mouvance féministe actuelle. Et pour cause : ces femmes guérisseuses, savantes, indépendantes et libres incarnent l’émancipation féminine. Elles furent les premières à subir les foudres d’une société patriarcale qui sentait son ordre viril menacé. Il est donc logique que ce tour d’horizon débute sur le jugement d’une jeune paysanne, accusée d’avoir dansé et chanté au clair de lune, un soir de Sabbat.

A partir de ce tableau bouleversant, défile un patchwork de la féminité pendant 1h30. On croisera une chanteuse de cabaret déjantée rappelant ponctuellement Barbara ou Edith Piaf, une journaliste mère au foyer très militante, une épouse en pleine crise conjugale, une prostituée hispanique, une femme préhistorique, une adolescente en pleine puberté, fascinée par Dalida… Tous ces destins de générations et de cultures différentes, célèbres ou anonymes, exposent, avec quelques notes d’humour, des questions de société éminemment d’actualité : absence de prise en compte de la charge mentale des femmes par les pouvoirs publics, tabou sur la sexualité féminine, infantilisation des femmes, violences  psychologiques au sein du couple hétérosexuel…

Si le rire tend à ménager le spectateur, exposé à des tableaux presque insoutenables, le comique apparaît particulièrement grinçant lorsqu’il s’agit d’aborder le thème ô combien brûlant des violences conjugales. On saluera d’ailleurs la performance très habitée de Fernanda Barth qui passe d’un personnage à l’autre avec un naturel déconcertant.

L’idée de mettre en scène le genre féminin en montrant un panel de profils le plus varié possible, est un parti pris tout à fait louable. Néanmoins, on peut reprocher au spectacle un manque de lisibilité qui nous fait perdre de vue la   finalité et la portée de cette pièce, au propos plus que jamais actuel. Que ce soit la diction véloce, pas toujours intelligible de la comédienne, ou les transitions un tantinet brouillons à certains moments, le spectateur a tendance à se perdre  au milieu de ce carnaval de personnages. Proposition assumée ou effet non escompté sur le public? En tout cas, on sent derrière cette idée originale une envie de produire une peinture universelle et atemporelle de la condition des femmes. Des Femmes nous invite à une réflexion sur les  avancements du féminisme et ce  qu’il reste à faire, dans un contexte où la parole des femmes jaillit de plus en plus fort, à mesure que leurs colères grandissent.

Marie Lorho

Des Femmes de Fernanda Barth 
Mise en scène de Régis De Martin-Donos

avec Fernanda Barth 

  • Création lumière : Jennifer Montesantos
  • Régie générale : Elsa Sanchez
  • Crédit photos © L’Œil de Paco

Lavoir Moderne Parisien
35, rue Léon – 75018 Paris – Tel  01 46 06 08 05

Jusqu’au 28 novembre 2021

du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 15h

 

 

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