Au Théâtre El Duende c’est la reprise pour « Et la-haut les oiseaux » une fable musicale qui traite du vivre ensemble avec poésie et qui aborde la question de la création avec humour et autodérision. Visuellement très aboutie la pièce fait la part belle à la dynamique de groupe, grâce notamment à un travail soigné sur le corps collectif doté d’une esthétique sobre et efficace, une réussite en tous points.


Ça parlera d’eux, du théâtre, de ce que c’est de créer. Ça parlera de nous, de comment l’on reçoit les choses, comment on accueille, la vie, l’autre, tout à la fois. Le théâtre El Duende c’est avant tout un collectif, chacun est donc impliqué à parts égales dans tous les niveaux de la production, de la gestion du lieu, de l’écriture des spectacles, et c’est indéniablement beaucoup à gérer. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Cela les comédiens de la troupe le vérifient au quotidien et vont ainsi l’illustrer au plateau avec « Et là-haut les oiseaux », un spectacle dense avec plusieurs fils à dérouler.
Tout commence par un coup de fil, le théâtre bénéficie d’une subvention pour une création à réaliser en sept jours, thème imposé : la peur. Rien que ça. La peur de quoi, la peur de qui… en se posant une multitude de questions c’est le mécanisme même de la création que les acteurs interrogent finalement, un mécanisme d’autant plus complexe qu’il est ici issu du collectif, de l’ensemble. Pourquoi et comment faire ensemble ? Dans un enchevêtrement ludique et festif, la fable et le récit de l’écriture du spectacle convergent alors vers ces questions centrales. En contrepoint permanent de la fable en effet on retrouve un jeu autour du retour à la réalité avec le gag récurrent de l’administration qui diminue au fur et à mesure le montant de la subvention, le frigo qui par la même occasion se vide de plus en plus, métaphore maligne de la difficulté première et extrêmement concrète de la vie d’artiste. Comment après tout créer de beaux spectacles, de ceux que l’on rêve immenses, avec si peu de moyens voire avec rien ? Imagination, système D et sacrifice financier, lot commun de bien des troupes… la compagnie El Duende s’en accommode et repart de plus belle, ragaillardie par la sensation de faire, de créer, de raconter une histoire, des histoires. La distribution est éclatante, chacun s’investit, se caricature peut-être dans sa position au sein du collectif, s’amuse surtout. Accompagnés par plusieurs musiciens, ils font preuve d’une interprétation  toute en finesse, généreuse, bourrée d’énergie positive. La fable, elle, est poétique, sensible et haute en couleurs, elle n’oublie pas de dépeindre avec intelligence et subtilité les maux d’une société cloisonnée à l’image de cet immeuble qui lui tient lieu de décor principal.

Audrey Jean

« Et là-haut les oiseaux »

Ecriture collective avec les comédiens et les musiciens du Théâtre El Duende
Equipe technique : Célia Riffaud, Vanina Adrover
Création sonore : Mathias Pradenas
Création lumière : Romain Thomas

Théâtre El Duende

Les samedis à 20h30 et dimanches à 17h30
et à partir du 22 novembre
les vendredis et samedis à 20h30

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