Ici, il n’y a pas de pourquoi d’après l’œuvre de Primo Levi Si c’était un homme  se joue actuellement au Lucernaire.  Ce texte, adapté par Tony Harrisson et Cécila Mazur, est un texte puissant et dévastateur dénonçant la brutalité inhumaine de l’univers concentrationnaire. La mise en scène de Tony Harrisson est efficace et frappe de stupeur le public en le plongeant dans les affres de la seconde guerre mondiale. Un spectacle réussi à tous points de vue.

Tony Harrisson est la voix de ce récit désincarné et froid où tout sentiment cède la place à la survie et rien d’autre. Seule ne compte que cette survie dans ce camp de concentration. C’est ainsi qu’il partage avec nous ce non-lieu de sentiments et de ressentis évanouis. La dignité, l’orgueil, plus rien n’existe si ce n’est l’espoir que ce cauchemar se terminera par la mort. Le titre claque comme un coup de fouet : ici, il n’y a pas de pourquoi. On ne réfléchit plus, on essaye de survivre, de gagner encore un jour de vie supplémentaire. C’est à une description froide découpée au scalpel qui nous est donnée de voir et de ressentir.

Dans une scénographie épurée faite de barreaux, le déporté et narrateur nous entraine à sa suite dans cet enfer. Nous le vivons avec lui, nous le partageons et nous sommes glacés d’effroi. La lumière qui inonde la scène elle-même projette un faisceau entrecoupé de striures rappelant les barreaux et l’enfermement. La musique qui accompagne le récit procure des sonorités étonnantes et souligne avec à-propos l’holocauste. Le musicien, installé sur scène, tape sur un « hang », marmite de percussion, qui produit des sons aigus, sourds ou graves.

Tony Harrisson réalise une belle performance avec un travail sur le corps étonnant. Il nous embarque dans son récit de l’horreur en détaillant également la fin de son calvaire. Cette part d’histoire est rarement contée pour que nous le remarquions avec intérêt. Ce spectacle réussi à tous points de vue tient au talent de Tony Harrisson, qui a signé l’adaptation, la mise en scène et qui en est l’interprète. Chapeau l’artiste !
Laurent Schteiner
 
Ici, il n’y a pas de pourquoi d’après « Si c’était un homme » de Primo Levi
Adaptation de Tony HARRISSON et Cecilia MAZUR
Mise en scène de et avec Tony HARRISON

  • Musicien : GUITOTI
  • Lumière : Dan IMBERT
  • Scénographie : William JEAN-BAPTISTE
  • © Erez Litchtfeld 

Lucernaire
53 rue ND des Champs
75006 Paris
tel : 01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr
jusqu’au 13 mai
du mardi au samedi à 21h00
durée : 1 h00

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