Nicolas Liautard a réalisé un véritable tour de force en adaptant Le Mépris de Jean-Luc Godard et en mettant en scène cette création sur la Scène Watteau de Nogent sur Marne.  D’Alberto Moravia à Godard, l’œuvre parle d’elle-même. Elle suscite en nous la transversalité de l’Art et de l’Amour.  L’étanchéité n’existe pas. Tout est appelé à circuler. Tout est appelé aussi à s’écrouler. Cette création pleine d’ambition de Nicolas Liautard est une belle réussite !

Dans cette pièce, on entre par la petite porte, celle du mépris de Camille pour Paul. Ce dernier ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Tout semble se figer sur cette sentence irrévocable. On est saisit par le dérisoire de la situation. Cette femme lascive semble pénétrer de sentiments forts qui dépassent désormais le cadre de son amour. Une page se tourne. C’est comme ça. Elle n’aime plus Paul.

Paul, homme de théâtre, qui n’a gardé que le nom de sa fonction, n’écrit pas de pièces. Il accepte, provisoirement un travail pour le cinéma afin de rembourser un crédit. Un film dédié à Homère et à son odyssée. Tout comme Ulysse, il s’attarde en route avant de rentrer chez lui. Paul se ment à lui-même. La symbolique de ce retour difficile en Ithaque appelé de ses vœux par Fritz Lang constitue un parallèle sidérant pour Paul. 

Mépris

On commence à dérouler l’écheveau des liens qui unissaient Camille à Paul. Tout se dévide comme une pelote de laine. Sans possible retour en arrière. Que dire ? Que peut-on expliquer quand il n’y a plus d’amour ? Le temps et la lâcheté ont fait leur œuvre. L‘amour de Camille a été anéanti. Paul n’a pas su réagir à temps.

« Tu ne te comportes pas comme un homme… Il m’a embrassé et je t’ai vu me regarder…Tu n’as rien fait… »

Les tergiversations de Paul sur cette commande de scénario constituent les révélateurs d’une défaillance de générosité. L’Art lui-même se retrouve alors sur le même plan que l’Amour. La lumière éclaire alors la pièce pour finalement retomber dans les ténèbres.  Que reste-il alors ? Le dérisoire…

La mise en scène traduit avec beaucoup de fantaisie et d’à-propos les scènes du film et du livre. Tout se livre avec facilité : Capri avec ses galets, ses pots fleuris, le bleu de la méditerranée et Camille sensuelle et enjôleuse.  La liste est longue et l’on demeure confondu par tant de réalisme suggéré. Les comédiens emmenés par Nicolas Liautard sont magnifiques.

Cette création constitue un événement qu’il convient de ne pas manquer !

« Quand on accepte de l’argent de quelqu’un, c’est toujours que l’on a vendu quelque chose. Et quand ce quelque chose n’est pas définissable clairement, c’est sans doute que l’on a vendu quelque chose d’une valeur bien plus grande que l’argent. »

 

Laurent Schteiner

 

Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé (Le Mépris) librement inspiré de Moravia, Goadard, Homère, Dante, Pétrarque, Höderlin

Conception du spectacle : Nicolas Liautard

Avec Jean-Yves Broustail, Jean-Charles Delaume, Aurélie Nuzillard, Fabrice Pierre, Wolfgang Pissors et Marion Suzanne

Son : Thomas Watteau

Du 6 au 23 janvier 2014

La Scène Watteau – Place du Théâtre – Nogent sur Marne

Locations : 01 48 72 94 94

www.scenewatteau.fr

 
 
 

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