Pierre-Arnaud Juin incarne un Stefan Zweig en exil dans « La femme silencieuse » au Théâtre du Petit Hébertot jusqu’au 24 Février. Monique Esther Rotenberg nous montre dans ce texte les états d’âme de ce grand auteur face à la montée du nazisme. Servie par trois comédiens que l’on ne présente plus cette création donne à voir quelques facettes intimes de l’écrivain. 

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« Il n’y a plus de place pour l’homme libre, indépendant, pour l’abstentionniste. Cette époque exige que l’on se prononce. » Stefan Zweig

Monique Esther Rotenberg nous invite à pénétrer pour quelques instants fugaces dans l’intimité de Zweig, dans son appartement de Londres où il vécut quelques années en signe manifeste d’opposition à la montée de l’obscurantisme nazi dans son pays. Cette décision qui s’avérera par la suite définitive marque le début d’un éloignement avec son épouse Friderike qui joue elle son rôle dans la société viennoise de 1934. Il engage la jeune Lotte en apparence douce et effacée mais qui va très vite se montrer brillante et d’un tempérament de feu. Au fur et à mesure qu’il se rapproche de Lotte, l’écart de creuse avec sa femme à l’image de la distance qu’il prend avec l’Autriche. Tourmenté par des questionnements idéalistes et pacifistes il ne se sera d’ailleurs plus jamais en accord avec son pays après cette période londonienne et finira ces jours au Brésil aux côtés de Lotte. 

Il est toujours passionnant de découvrir l’homme derrière les écrits et Stefan Zweig ne déroge pas à la règle. Personnage entier et sans concessions il n’éprouve aucune gêne au fait de vivre pleinement sa relation avec deux femmes à la fois. Mais lorsqu’il s’agit de l’engagement de l’Autriche aux côtes d’Hitler il sera sans pitié subissant par conséquent la censure de ses Å“uvres notamment « La Femme Silencieuse » livret écrit pour  l’opéra de Richard Strauss qui fût interrompu après trois représentations. Si l’histoire de cette période de sa vie est intéressante on regrettera toutefois un manque de passion dans cette création qui se contente finalement de retranscrire les faits sans parti pris. Une vision plus subversive aurait sans doute mis davantage en valeur la complexité de Zweig. 

Audrey Jean 

« La Femme Silencieuse » une pièce de Monique Esther Rotenberg 

Mise en scène de Pascal Elso

Avec : Pierre-Arnaud Juin, Corinne Jaber et Olivia Algazi

Jusqu’au 24 Février 

Du mercredi au samedi à 20H
Dimanche à 15H 

Théâtre du petit Hébertot

78 bis Bd des Batignolles
75017 Paris 

 

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