Laurence Renn Plenel livre en ce moment au Théâtre 13 Seine sa mise en scène de « L’Autobus » un texte écrit dans les années 80 par l’auteur bulgare Stanislav Stratiev. Caractérisée par une scénographie particulièrement réussie, la pièce révèle également une équipe d’acteurs engagés et complices. Un voyage en bus surréaliste qui opère en véritable miroir grossissant des turpitudes du genre humain.

L’Omnibus s’apprête à partir, il attend ses derniers passagers, sagement immobilisé à son arrêt. À son bord de plus en plus d’hommes, de femmes. Bourgeois, paysans, amoureux, aigris, artistes et bien d’autres c’est un vaste panel de la société qui se rencontre dans ce bus. Le trajet aurait pu s’arrêter à quelques regards en coin, peut-être au mieux quelques sourires mais c’était sans compter la sournoiserie du chauffeur, invisible mais  parfaitement incontrôlable. Grâce ou à cause de lui c’est selon, le voyage se transforme peu à peu en épopée délirante révélatrice de toute la mesquinerie des hommes.

À l’origine métaphore acide du régime communiste en Bulgarie « L’Autobus » prend ici une tournure plus universelle. En effet son aspect politique n’est finalement que peu déterminant dans la triste réalité des comportements humains face à une situation inconfortable voire de danger. Cette intrigue drolatique et amère à la fois est donc adaptable à bien des époques et à bien des sociétés, c’est la nature humaine même que Stanislav Stratiev passe au grill. Chacun y va de sa petite lâcheté, de sa petite combine pour se mettre en avant, pour se sortir de l’impasse. Ainsi le trajet devient gênant, préjugés et comportements méprisants en saccades et voici éclore devant nous une bien petite société enfermée malgré elle dans la carcasse de metal. La fable tend habilement vers l’absurde revêtant par la subtilité de la mise en scène juste ce qu’il faut d’étrangeté pour que le portrait ne soit pas trop grossier. Les acteurs eux s’en donnent à coeur joie avec ses personnages qu’on adorerait détester, il s’amusent follement dans cette course effrénée, mais apportent également dans leur interprétation la dimension grinçante de cet humour acerbe, typique des écritures d’Europe de l’est. Une proposition originale à découvrir jusqu’au 11 février au Théâtre 13 Seine

Audrey Jean

« L’Autobus » de Stanislav Stratiev 
Mise en scène de Laurence Renn Penel

Avec Raphaël Almosni, Lionel Becimol, Solal Forte, Gabrielle Jeru, Laurent Levy, Natacha Mircovich, Gall Paillat, Christophe Sigognault et Marc Ségala

Jusqu’au 11 Février 
Du mardi au samedi à 20h
Le dimanche à 16h

Théâtre 13 Seine 

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