Après le succès critique et public de son « Porteur d’histoire » il va s’en dire que la nouvelle création d’Alexis Michalik était attendue de pied ferme et il y avait foule pour cette première à la Pépinière Théâtre. Et bien « Le cercle des illusionnistes » s’annonce de la même trempe, généreux, émouvant, porté par des comédiens brillants et d’une complexité narrative captivante. Alexis Michalik confirme brillament l’essai et impose son style unique dans le paysage théâtral. A ne pas manquer !

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Lorsque Décembre vole le sac d’Avril dans le métro, il ne se doute pas une seconde de tout ce qui va les rapprocher. Quand il trouve sa photo dans ce même sac il sait simplement qu’elle est follement jolie et que ça lui donne envie de la revoir. Comment pouvait-il deviner qu’ils partiraient tous deux sur les traces de Jean-Eugène Robert-Houdin horloger, inventeur et magicien du XIX ème siècle ? Au détour de son histoire, ils croiseront l’itinéraire tout aussi fantasque de Georges Méliès. L’illusion, le théâtre, les prémices du cinéma, l’amour enfin, tout converge et se rejoint à l’infini pour nourrir cette épopée où le rêve est maître. Trois époques, Trois destins liés par le hasard et peut-être un peu de magie…

A l’instar du porteur d’histoire « Le cercle des illusionnistes » surprend d’abord le spectateur par l’incroyable richesse de sa structure narrative, le récit est là encore composé de multiples pistes qui se croisent et se décroisent dans un dédale étourdissant d’ingéniosité. Si l’on se sent parfois perdu dans ce déluge d’informations c’est pour mieux être saisi par l’évidence, cueilli de façon spectaculaire par l’enchevêtrement de l’intrigue. Avec maestria Alexis Michalik relève une nouvelle fois le défi de nous embarquer dans une histoire romanesque, profonde et bourrée de charme.

Afin de briser les codes d’une espace-temps figé il utilise un système scénique qui a déjà fait ses preuves sur sa précédente création : plateau nu, éléments de décor mobiles et à multiples facettes, changement de costumes à vue. Mention spéciale d’ailleurs pour les créations de Marion Rebmann, impressionnants par leur nombre. Tout est mis en Å“uvre pour solliciter au maximum l’imaginaire du public et lui faire prendre conscience de l’infinie possibilité de la scène. La partition sonore est elle aussi remarquable et contribue grandement à installer l’univers propice aux nombreuses illusions et autres tours de magie du spectacle. Enfin l’utilisation de la vidéo orchestrée à la perfection finalise la mise en scène de ce petit bijou.

Outre ses qualités évidentes d’auteur, Alexis Michalik sait particulièrement bien s’entourer. Arnaud Dupont, qui nous avait tant séduit dans « Le cas de la famille Coleman » mis en scène par Johanna Boyé, est en passe de devenir incontournable. Vincent Joncquez et Jeanne Arènes confirment leur capacité à incarner de multiples personnages aussi différents les uns que les autres. Le duo amoureux formé par Mathieu Métral et Maud Bæcker est des plus touchants. Quand à Michel Derville sa voix mélodieuse et sa prestance finissent de nous bercer dans ce doux rêve. Vous l’aurez compris la pièce est à l’image de ses interprètes, lumineuse et mémorable. Tel un souvenir persistant, un mystère que l’on n’arrive pas totalement à élucider vous ne finirez pas d’y songer et aurez sûrement envie de la revoir !

Audrey Jean

« Le cercle des illusionnistes » écrit et mis en scène par Alexis Michalik

Avec : Arnaud Dupont, Vincent Joncquez, Jeanne Arènes, Maud Bæcker, Mathieu Métral et Michel Derville

Du mardi au samedi à 20H30
Le samedi à 16H

La Pépinière Théâtre

7 rue Louis Le Grand
75002 Paris

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