Retardé de quelques jours en raison d’un comédien malade, le Théâtre du Vieux-Colombier clôturait la semaine dernière la reprise du Français. C’est avec une impatience toute particulière que les spectateurs attendaient le coup d’envoi de cette création autour de « 20000 lieues sous les mers », l’adaptation promettant de mettre en lumière cet univers fantastique connu de tous, et de faire la part belle à la manipulation de marionnettes, une première pour certains acteurs de la comédie française. Christian Hecq et Valérie Lesort relèvent le défi haut la main, le spectacle est hypnotisant et d’une beauté saisissante !

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Alors qu’ils étaient à la poursuite du narval géant en compagnie du harponneur Ned Land, Le professeur Aronnax et son serviteur Conseil font naufrage. Ils se réveillent à bord d’un étrange navire, ils sont en réalité prisonniers du capitaine Némo et de son énigmatique vaisseau le Nautilus. Place à l’aventure !

Tous deux ont travaillé avec Philippe Genty et s’associent pour ce titanesque projet d’adaptation et de mise en scène de « 20000 lieues sous les mers ». Christian Hecq et Valérie Lesort glorifient ici l’art de la marionnette dans un spectacle hybride, unissant l’aspect surnaturel du roman à la magie du théâtre d’objets. Le classique de Jules Verne est en effet un vivier sans fond lorsqu’il s’agit de solliciter l’imaginaire et les multiples monstres peuplant le roman tiennent une place de choix dans cette adaptation. Méduse enchanteresse , Mérou languissant, tribu de petits poissons gigotants et imposant kraken sont autant de créatures fascinantes présentes sur le plateau du Vieux-Colombier. Une inventivité épatante pour donner naissance à ces marionnettes suivie d’un travail redoutable sur la manipulation et tout le savoir-faire du Français font éclore sous les yeux subjugués des spectateurs des tableaux fantastiques, à l’image par exemple de ce cauchemar peuplé d’une gigantesque méduse danseuse.

Eric Ruf signe la scénographie ambitieuse de cette adaptation; recréer le décorum du Nautilus n’était pas chose aisée et comme à son habitude le nouvel administrateur du français a livré des trésors de créativité. Machineries étranges et hublot central énigmatique d’où apparaîtront les nombreuses créatures du spectacle, sonorités des profondeurs : l’illusion est parfaite, nous sommes en immersion avec le célèbre capitaine Nemo. Au sein de cette distribution de haut-vol les comédiens ne déméritent pas une seconde, alternant les phases de jeu et celles, plus ténues, de manipulation de marionnettes, ils passent de l’un à l’autre avec une dextérité déconcertante. Le timbre rocailleux de Cécile Brune achève de nous entraîner dans ce récit envoûtant, restant ainsi fidèle à la forme narrative du roman de Jules Verne. Saluons également le travail remarquable sur les lumières par Pascal Laajili qui participe amplement au réalisme parfait du rendu avec les marionnettes.Durant 1H30, les sublimes images convoquent l’enfant et le rêveur en chacun de nous, laissant des souvenirs impérissables de ce voyage sous les mers. Une véritable merveille à manquer sous aucun prétexte !

Audrey Jean

« 20000 lieues sous les mers » d’après Jules Verne
Adaptation et mise en scène Christian Hecq et Valérie Lesort

Avec : Christian Gonon, Christian Hecq, Nicolas Ormeau, Jérémy Lopez, Elliot Jenicot et Louis Arène
Voix off : Cécile Brune

Scénographie et costumes : Eric Ruf

Crédits photos : Brigitte Enguérand

Jusqu’au 8 Novembre
Théâtre du Vieux-Colombier
Comédie Française

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