Après « L’école des femmes » Jean Liermier nous offre une nouvelle occasion de redécouvrir Molière avec cette fois « Le Malade imaginaire » actuellement programmée au Théâtre 71 de Malakoff. Retrouvant Gilles Privat dans le rôle titre pour notre plus grand plaisir, Jean Liermier aborde ce classique sous un jour plus mystérieux sans pour autant totalement bousculer les codes. 

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Argan est malade, très malade… du moins il en est persuadé. Hypocondriaque notoire il ne cesse de tourmenter sa famille avec ses crises d’angoisse aigües. Entre multiples prises de médicaments et autres lavements il a toutefois encore beaucoup d’énergie pour un supposé mourant. Lorsqu’il a en tête de marier sa fille avec un fils de médecin il est en effet bien difficile de le faire changer d’avis. Heureusement Toinette la bonne a plus d’un tour dans son sac. Une comédie satirique de faux-semblants comme les maitrisait si bien Molière ici parfaitement incarnée par Gilles Privat. 

Cette pièce de Molière comme tant d’autres offre un regard cynique et bourré de dérision sur les turpitudes du genre humain. Mais Jean Liermier va au delà de la simple farce de personnages caricaturaux. Il questionne le spectateur sur le rapport entre réalité et théâtralité. Tout dans « Le malade imaginaire » résonne comme un cauchemar où Argan serait pris à son propre piège. Chaque personnage à un moment donnée de l’action joue un rôle fictionné, entremêlant sans fin la vie au théâtre. Ainsi Molière brouillait les pistes afin de nous conduire à une seule et même question : Argan est-il réellement malade ? Chacun ira alors de son argumentaire pour répondre à cette problématique insoluble, et verra ou non dans ce personnage une extension des propres angoisses de Molière. Jean Liermer en tous les cas réussit à instaurer dans sa mise en scène une atmosphère mystérieuse, subrepticement teintée de la présence de la mort. Quelques gags bien placés dans le décor ramèneront la farce à sa nature première et susciteront sans aucun doute les nombreux rires du public. On saluera d’ailleurs la très belle scénographie réalisée par le regretté Jean-Marc Stehlé et Catherine Rankl, inventive et sobre le décor finalise parfaitement une esthétique chic et lugubre à la fois. La distribution tient également ses promesses. Madeleine Assas excelle dans le rôle clé de Toinette tandis que Gilles Privat nous offre un Argan irrésistible, son air débonnaire seyant à merveille à ce personnage naïf doublé d’un tyran. La famille Diafoirus quand à elle n’en est pas moins truculente et offre grâce à la composition de Philippe Gouin une véritable scène d’anthologie. Du théâtre populaire et réjouissant ! 

Audrey Jean 

« Le malade imaginaire » de Molière 

Mise en scène de Jean Liermier

Avec Madeleine Assas, Pierre-Antoine Dubey, Philippe Gouin, Christine Vouilloz, Dominique Catton, Jacques Michel, Gilles Privat et Marie Ruchat

Crédits photos :Marc Vanappelghem

Jusqu’au 18 Octobre 

Mardi et vendredi à 20H30
Mercredi, jeudi et samedi à 19H30
Dimanche à 16H

Théâtre 71 scène nationale de Malakoff 

3 place du 11 Novembre
92240 Malakoff

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