La Nouvelle Fabrique, compagnie lyonnaise que nous avions déjà mis l’honneur sur Théatres.com, est de retour à Paris avec sa nouvelle création « Les Accapareurs » à l’affiche du Théâtre de l’Opprimé. Ce texte percutant de Philipp Löhle dépeint dans un style noir et absurde les errances d’une humanité en mal de convictions.

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Pépin pense avoir inventé la maison qui sauvera l’humanité : en cas de crue son brevet révolutionnaire permettra à la maison de s’élever, et ainsi à ses habitants d’être épargnés. Mais à la place du déluge attendu pour éprouver son invention le pays connaît sa plus grande période de sécheresse. L’entourage de Pépin et les probables investisseurs du projet deviennent alors de plus en plus sceptiques, isolant irrémédiablement Pépin dans sa maison.

Nous avions déjà eu l’occasion d’entendre ce texte passionnant de Löhle lors de la carte blanche de la Nouvelle Fabrique la saison dernière au Théâtre de l’Opprimé. Porté à la scène il prend d’autant plus d’ampleur qu’il provoque une résonance chez le spectateur : par son sujet tout d’abord, l’écologie au centre de nos préoccupations actuelles ; mais aussi par le portrait d’un héros atypique, seul contre tous, défendant ses idées et son libre-arbitre quoiqu’il lui en coûte. Au centre de la problématique l’individu et son rapport à la majorité. C’est donc un questionnement direct que nous propose Philipp Löhle avec « Les Accapareurs », si nos convictions nous définissent quel prix sommes-nous prêts à payer pour être enfin nous-mêmes ?

Clément Carabédian défend plusieurs pistes dans sa mise en scène, et si l’on reconnaît quelques trouvailles intéressantes on regrettera cependant un manque de clarté dans la globalité du spectacle. Saluons toutefois la mise en forme des parties du récit par l’utilisation d’un chÅ“ur narratif, véritable allégorie de la majorité opressante qui essaie d’imposer un mode de pensée unique. Marie-Cécile Ouakil nous séduit une fois de plus totalement par la qualité de son jeu, Colin Rey porte également remarquablement bien sur ses épaules le poids de la partition de Pépin.

Un travail toujours intéressant de cette brillante jeune compagnie, même si cette proposition gagnerait à être reprécisée par endroits !

Audrey Jean

« Les Accapareurs » de Philipp Löhle

Mise en scène de Clément Carabédian

Traduction Ruth Orthman

Avec : Alex Crestey, Benjamin Groetzinger, Eloïse Hallauer, Marie-Cécile Ouakil, Benoît Peillon, Marion Petit, Guillaume Ravoire, Tiphaine Rabaud-Fournier, Colin Rey et Naïé Dutrieux

Jusqu’au 15 décembre

Du mercredi au samedi à 20H30
Dimanche à 16H

Théâtre de l’Opprimé

78 Rue du Charolais
75012 Paris

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