Mélanie Klein fut l’une des premières psychanalystes à s’intéresser au mécanisme de l’inconscient chez les enfants. Nicholas Wright en parfait observateur des passions humaines a réussit à décrypter et mettre en lumière le conflit entre Mélanie Klein avec sa fille Mélitta. Mais cette séquence distanciée, en débordant le cadre stricto sensu d’un conflit mère-fille traditionnel, sera élargi à Paula, une amie de Melitta, l’espace d’une nuit. C’est avec une efficacité redoutable que Brigitte Jaques-Wajeman nous présente l’autopsie de ce trio passionné et infernal en nous jetant dans un profond abime de questions existentielles. Un spectacle dense, profond, drôle et  rempli d’émotions !

Londres 1934. Mélanie Klein, célèbre psychanalyste apprend la mort de son fils Hans à Budapest. Sa fille Melitta est persuadée que son frère s’est donné la mort, rendant sa mère responsable. Un conflit larvé qui dure depuis longtemps où Mélanie apparait comme une Mère juive possessive et destructrice envers son fils. Accablée et dépressive et gagnée par une culpabilité qui l’envahit, elle tente de faire front pour ne pas basculer. Nicholas Wright, en se saisissant de ce drame, nous présente la face cachée de Mélanie Klein à travers un épisode inconnu de sa vie.

L’objet déterminant de cette pièce est de montrer l’ambivalence des sentiments et leurs complexités. On reste spectateur d’une absence de vérités fondamentales. Tout est volatile. C’est dans ce labyrinthe de sentiments complexes que Brigitte Jaques-Wajeman nous guide avec le talent qu’on lui sait. Tout est fin, léger mais terriblement dévastateur. Les envolées de Mélanie Klein font mouche et distillent des remarques acides et pleines d’humour. L’ironie exprimée comme une défense. Si certains voient à travers cette pièce une tragédie grecque, le combat entre Electre et Médée, il n’en demeure pas moins que ce choc frontal entre Mélanie et Mélissa aboutit à un sacrifice filial attendu.

L’interprétation des ces trois comédiennes, Marie-Armelle Deguy, Sarah Le Picard et Clémentine Verdier, est juste magnifique. En changeant d’époque mais en gardant un regard empreint de mythologie littéraire grecque, Brigitte Jaques-Wajeman a accompli un travail fabuleux en adaptant cette magnifique Å“uvre. Un spectacle éblouissant à tous points de vue !

Laurent Schteiner
 
Madame Klein de Nicholas WRIGHT
Traduit par François REGNAULT
Mise en scène de Brigitte JAQUES-WAJEMAN
avec Marie-Armelle DEGUY, Sarah LE PICARD et Clémentine VERDIER

  • Assistant à la mise en scène : Pascal BEKKAR
  • Scénographie et costumes : Emmanuel PEDUZZI
  • Lumières : Nicolas FAUCHEUX
  • Objets de scène : Franck LAGAROJE
  • Maquillages et coiffure : Catherine SAINT-SEVER
  • Musique : Marc-Olivier DUPIN
  • Réalisation costumes : Pascale ROBIN
  • © Pascal Gely

Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris
tél : 01 42 74 22 77
theatredelaville-paris.com
Jusqu’au 20 octobre 2017 à 20h30 dimanche à 15h, relâche le lundi
TOURNEES

  • 7 novembre : MA, scène nationale de montbéliard
  • 1er décembre : Théâtre de Fontainebleau
  • 14 décembre : les treize Arches, Brives
  • 24 au 26 janvier : Comédie de Béthune

 

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