Parler de Marilyn Monroe revient à tutoyer une icône marquée par une beauté éternelle et foudroyée par un destin envieux de sa lumière. Céline Barcaroli nous propose au Studio Hébertot une autre lecture de cette femme en soulevant le voile de celle qui est devenue pour l’éternité un éclatant objet de désir. Emma Barcaroli, le temps de ce huis clos magistral tout en sensibilité, incarne cette femme touchante à bien des égards.

Ce seul en scène, qui traduit un jeu de miroirs ou un miroir aux alouettes, présente deux personnalités radicalement différentes : Norma Jean Baker et Marilyn Monroe. Tout concourt à analyser la personnalité de cette icône sous le regard d’une schizophrénie typiquement hollywoodienne et mercantile. Car Norma n’était pas Marilyn. Elle le devint pour devenir un produit commercialisable par les grands studios d’Hollywood. Cette jeune femme très intelligente pleine de rêves, de désirs et d’espoirs a été contrainte de se forger un masque afin de devenir le produit que le monde entier attendait. Objet de désir et d’identification, elle est devenue un produit marketing contraignant davantage l’espace vital de Norma.

La pièce que nous propose Céline Barcaroli creuse un sillon dans cette vie tragique pour s’intéresser à la personnalité de Norma. Ce huis clos qui pourrait se situer à la fin du tournage des Misfits de John Huston prend la forme du bilan de sa vie. Dans ce registre, Emma Barcaroli incarne cette femme exceptionnelle de façon troublante et touchante. Elle entre dans ce personnage en nous offrant les versants les plus sensibles de la vie de Norma. Les cicatrices sont nombreuses et douloureuses : des amours déçus à sa fausse couche. Tout ce chemin pavé de déceptions et parfois de désespoirs est masqué par le nuage de poussière lumineuse qui entoure Marilyn. Emma Barcaroli, en interprétant ce personnage bancal, nous offre une vérité profonde : la beauté est celle qu’on ne voit pas ! La finesse de son jeu est telle, qu’en entretenant un dialogue muet et construit avec le public, elle suscite une folle compassion pour la solitude de cette âme égarée.

Laurent Schteiner

Marilyn inside de Céline Barcaroli
Mise en scène de Grégory Cauvin

Avec Emma Barcaroli

  • Coiffure, maquillage : Judith Scotto
  • Lumières : Sébastien Prud’homme
  • Scénographie : Michel Braun, Sandrine Lamblin
  • Assistant à la mise en scène : Guillaume Delvingt
  • Photographie : Lou Sarda

Studio Hébertot
78 bis bld des BAtignolles
75017 Paris

Jusqu’au 27 octobre 2021 les mardis à 21H et les mercredis à 19H

 

 

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