Après son spectacle les bijoux de pacotille consacré à ses parents, Céline Milliat Baumgartner ouvre un deuxième volet intimiste en évoquant la vie sa grand-mère née le même jour que Norma Jean Monroe. Sous forme de cabaret, Céline Milliat Baumgartner nous dévoile ces deux parcours en interrogeant aujourd’hui  la place de la femme dans le monde.

Accompagnée de son pianiste sur scène, Manuel Peskine, Céline Milliat Baumgartner nous fait voyager d’Hollywood à Colmar croisant ainsi ces deux destins bien différents mais tellement complémentaires. Elle nous livre les failles de ces deux femmes qui ont, à des degrés divers, souffert de leur conditions dans un monde peu propice à la tolérance ou à la compréhension.

Une lumière aveuglante, une robe pailletée blanche, et voici Marylin qui s’avance sur scène. La démarche lente, chaloupée, timide et quelque peu sophistiquée, elle s’empare du micro pour répondre aux questions des journalistes. Le pianiste, interface du monde hollywoodien, interroge la star. La tessiture de la voix révèle une femme dont les accents rappellent sa profonde fragilité. Le destin marqué de ce femme enfant devenue « sex-symbol » dans notre inconscient collectif nous renvoie à ce mythe broyé par la machine hollywoodienne. « Ils disaient qu’elle s’était mariée à 16 ans pour la première fois.  A 20 ans, elle avait divorcée car à Hollywood, il ne fallait pas être mariée, ni être enceinte. » Cueillie par la mort de façon précoce, elle offrira à la postérité un instantané scellant à jamais cette beauté exaltée.

Un saut de puce nous ramène à Colmar où la grand-mère de l’autrice et interprète, est née le 1er juin 1926, le même jour que Marylin Monroe. Sa vie présente des points communs avec Marylin. « A 16 ans, Marie-Thérèse s’était rendue à un bal d’étudiants dans l’espoir de rencontrer quelqu’un. Elle est rentrée seule et sans cavalier. A 20 ans, elle travaillait à l’hôpital de Colmar, enceinte et pas mariée. » Toutes deux, jeunes et naïves, amoureuses passionnées, ont été délaissées. Marie-Thérèse a choisi de rompre avec une vie commune qui ne lui offrait plus d’amour. Elle quitta son foyer et ses enfants à la recherche d’un espace de liberté absolue. La société condamna durement sa défaillance en la privant de ses enfants.

La mise en scène de Valérie Lesort est très riche, se jouant des lieux et du temps. La scénographie simple et ingénieuse est constituée par une armoire normande et un cercle lumineux représentant l’espace intime accueillant ces trois femmes. Céline Milliat Baumgartner joue une partition sensible où parfois l’émotion finit par la submerger emportant avec elle son public. Ce spectacle d’une grande délicatesse est un pur bonheur.

Laurent Schteiner

Marylin, ma grand-mère et moi de et avec Céline Milliat Baumgartner 
Mise en scène de Valérie Lesort

avec Manuel Peskine

  • Scénographie de Valérie Lesort
  • Lumières : Jérémie Papin
  • Costumes : Julia Allègre
  • Chorégraphie : Yohann Tété
  • Photo © Jean Sentis
  • Production le CDN de Vire, coproduction le Bateau Feu scène nationale
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