Créé en Avignon en juillet 2010, le spectacle « Moi,Caravage » de Cesare Capitani est de retour au Lucernaire. Ce monologue dépeint toute la complexité du peintre Michelangelo Merisi, plus connu sous le nom de Caravage. Une plongée sans concession dans l’univers sulfureux du maître du clair-obscur.

moi-caravage

Adapté du roman « La Course à l’abîme » de Dominique Fernandez, ce texte retrace les grands étapes de la vie de Caravage. On assiste ainsi à la naissance de sa vocation, à ses rencontres amoureuses tumultueuses et à l’évolution de son travail de peintre. En tant qu’homme ou en tant qu’artiste, Caravage dérange, il est extrême en tout. S’il passe volontiers du temps avec des filles de joie, ce sont surtout des hommes qui ont marqué sa vie. Il les reproduit chargés d’érotisme dans ses tableaux religieux, révolutionnant les codes de l’époque.

« Moi ce n’est pas comme ça que je veux peindre. Je ne veux pas de silence dans mes tableaux : je veux du bruit ! »

C’est Caravage lui-même qui nous évoque ses souvenirs avec humilité. Construit à la première personne du singulier, ce texte ne cache rien des noirceurs et des doutes du peintre. Il nous dévoile tout avec sincérité, admettant son penchant pour les hommes. Dans cette mise en scène de Stanislas Grassian, Cesare Capitani est accompagné par Laetitia Favart. La soprano devient un véritable écho aux réflexions du peintre en chantant à capella du Monteverdi. Elle prend également les visages des hommes qu’il a aimés mettant en lumière la relation profonde et violente qui unit un peintre a ses modèles.

L’élément le plus important du plateau est sans conteste la lumière. Elle est au centre de la vie et de l’oeuvre de Caravage, Bernard Martinelli lui attribue donc un rôle de choix dans sa scénographie. Il alterne des effets de projecteurs et de simples bougies sur la scène nue, créant une intimité entre les deux comédiens d’une part mais également avec le public. Cela contribue à plonger le spectateur dans l’esthétisme de ce peintre et rend la notion de clair-obscur qui lui était si chère très concrète. Cesare Capitani interprète avec brio ce personnage complexe, rendant plus hommage à sa sensualité et à son génie qu’à sa violence. Cette impression est renforcée par l’ atmosphère feutrée et la voix mélodieuse de Laetitia Favart. Un beau spectacle qui permet de découvrir la vie de ce peintre si controversé.

Audrey Jean

« Moi, Caravage » de Cesare Capitani
Mise en scène de Stanislas Grassin

D’après le roman » La Course à l’abîme » de Dominique Fernandez

Avec : Cesare Capitani et Laetitia Favart ou Manon Leroy

Du 11 Janvier au 12 Mars
Du Mardi au Samedi à 18H30
En italien les mardis

Le Lucernaire

53 rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris

 

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