La saison 2021 du Festival Impatience s’est clôturée par le spectacle Vers le Spectre, une très belle création récompensée par le Prix du Public et le Prix des Lycéens et mise en scène par Maurin Ollès aux Plateaux Sauvages. 

La pièce retrace le parcours tumultueux d’Adel, un jeune garçon neuroatypique. Son père Denis, dépassé par le diagnostic de son fils, tente par tous les moyens de l’aider à se faire une place, dans une société où le trouble du spectre autistique demeure un tabou méconnu.

Au commencement du spectacle, un homme, placé derrière des platines et des claviers électroniques, joue de la musique. Une femme parle face au micro de son enfant. On assiste ensuite à un tableau conjugal : celui de Roxane et Denis, parents d’un petit garçon nommé Adel. Denis est musicien dans une fanfare et Roxane son épouse est mère au foyer. A première vue, c’est un couple heureux malgré le comportement étrange de leur fils. Adel est un enfant calme, solitaire, peu communiquant voire pas du tout. A l’annonce du diagnostic, Denis entre dans une phase de déni et s’enferme dans sa bulle musicale. Excédée de porter le poids du handicap de son fils sur ses épaules sans le soutien de son mari, Roxanne quitte Denis. Le jeune père se retrouve à affronter seul les difficultés pour scolariser son fils et lui permettre d’évoluer au même titre que les autres enfants. 


Dans ce spectacle, la musique électronique est omniprésente. Tantôt assourdissante, tantôt mélodieuse et énigmatique, elle métaphorise de manière poétique et intelligente, la réalité cognitive d’une personne autiste, en l’occurrence Adel. L’Histoire du jeune Adel et de sa famille sert de fil rouge au spectacle et fait émerger toute une réflexion passionnante sur le système éducatif institutionnel, son incapacité à inclure les personnes handicapées et les alternatives éducatives qui permettraient à tous les enfants de s’épanouir. Le spectacle est servi par un jeu d’acteur très sincère et touchant. Si le parti pris de s’emparer de la question de l’autisme du point de vue des éducateurs et des parents est salutaire, il mériterait d’être amené de façon davantage lisible dans le montage du texte. Bien que la question du trouble du spectre autistique ne soit plus un tabou aujourd’hui, les outils et les méthodes d’éducation démocratisés par notre système restent inefficaces. Vers le Spectre invite le spectateur à s’interroger sur les manquements du système validiste et capitaliste dans lequel nous évoluons. 

Marie-Amélie Lorho

Vers le Spectre de Maurin Ollès avec l’ensemble de l’équipe artistique
mise en scène Maurin Ollès

avec Clara Bonnet – Roxanne, mère d’Adel / Manon, infirmière à l’hôpital psychiatrique, Gaspard Liberelle – Loïc, auxiliaire de vie puis éducateur spécialisé d’Adel, Gaël Sall – Denis, père d’Adel Bedis Tir – Adel, Nina Villanova – Irène, institutrice d’Adel

  • composition musicale Bedis Tir
  • costumes et scénographie Alice Duchange
  • vidéo Augustin Bonnet & Mehdi Rondeleux
  • lumière Bruno Marsol
  • régie générale Clémentine Pradier
  • régie son et vidéo Mathieu Plantevin
  • avec le regard de Lucas Palisse, intervenant spécialisé autisme
  • coaching vocal Sylvain Congès

 

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