Prenez donc un zakouski ! Cet hors d’œuvre russe original que le théâtre Yunqué vous concocte au théâtre de l’Opprimé. Ce spectacle, qui propose ces mets atypiques, est un régal pour les yeux. Il nous offre un mélange de genres où le burlesque rencontre la dure réalité de la société russe du début du siècle dernier. Bâti sur des récits de Mikhaïl Zochtchenko, satiriste russe méconnu en France, ce spectacle festif est brossé dans un fouillis savamment ordonné dans une mise en scène très originale de Serge Poncelet. Emmené par quatre comédiens talentueux, cette pièce enlevée se déguste avec bonheur.

 

D’entrée de jeu, le public est séduit par l’intrusion de styles complètement décalés où l’univers de Max Sennett se confond avec celui des bandes dessinées. Rien n’est laissé au hasard puisque ce burlesque semble se décliner également sur d’autres plans. A cet effet, il est également présent à travers les masques portés par les personnages. Puis les spectateurs découvrent une mise en abyme où le théâtre s’affiche à travers un castelet. Tour à tour les comédiens réalisent des saynètes burlesques multipliant les personnages à l’envie. Très vite une galerie de portraits s’installe. Mais à la vérité, le théâtre Yunqué nous offre l’envers du décor de cette société russe des années 20 avec son cortège de difficultés quotidiennes. Les scènes empruntées aux récits de Zochtchenko témoignent de la dureté de cette société qui bascule peu à peu vers le communisme. Le tempérament russe, toujours joyeux, lui permet de surmonter tous les affres des changements monumentaux que traversent alors la Russie. Cette philosophie est entretenue tout au long de ce spectacle avec des personnages aussi différents les uns que les autres. Chaque saynète est l’occasion est l’occasion pour les spectateurs d’être surpris par une fantaisie nouvelle qui se greffe à chaque fois à l’ensemble. Le public prend ainsi l’habitude, avec un plaisir renouvelé, de découvrir les facéties des personnages dans les scènes qu’ils interprètent.

 

Ce spectacle, très complexe en soi, est interprété par quatre comédiens qui n’hésitent pas à jouer sur plusieurs registres assurant à ce spectacle intelligent un divertissement de qualité. Olga Sokolow interprète pas moins de six personnages avec une belle maitrise et une sincérité qui touche le public. Marie Duverger, étonnante en petit garçon, joue également différents rôles à l’instar de ses partenaires masculins, Eric Prigent et Stéphane Alberici. Ces derniers contribuent à nous plonger dans une Russie du début du siècle dernier en apportant une véracité à leurs personnages avec leur lot d’événements subis ou au contraire fomentés. Ce spectacle original constitue un événement à ne manquer sous aucun prétexte. Vive les Zakouskis !

 

Laurent Schteiner

 

Zakouski ou la vie heureuse

Scènes burlesques d’après Mikhaïl Zochtchenko

 

Adaptation d’Eric Prigent

Mise en Scène de Serge Poncelet

Assistante mise en scène : Nadyne Landucci

Avec Stéphane Alberici, Serge Poncelet, Marie Duverger et Olga Solokow

Scénographie : Stéphane Alberici, Serge Poncelet, Nadyne Landucci

Costumes : Barbara Gassier

Masques : Stéphane Alberici

Lumières : François mArtineau

Son : Ulrich Mathon

Photos :  copyright Eve Grozinger

Graphisme : André Palais

 

Théâtre de l’Opprimé

78 rue du Charolais

75012 Paris

www.theatredelopprime.com

Résa : 01 43 40 44 44

du 8 février au 4 mars 2012

du mercredi au samedi à  20h30, le dimanche à 17h00

 

 

 

 

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